05/01/2015

Histoire de femme

Lors de ces étapes clés de la vie d’une femme, un spécialiste apparaît comme l’interlocuteur principal : le gynécologue" (Doctissimo).
 
 La mienne s'appelle Docteur Buisson. Avec un nom comme ça, elle était prédestinée à la gynécologie déjà.
 
C'est la seule personne dont tu ne connais rien d'autre que la couleur du papier peint de son bureau qui te demande d'un ton plutôt strict "enlevez votre pantalon et mettez les pieds dans les étriers".
 
Et toi tu t'exécutes en te disant que dans d'autres circonstances on te traiterai de fille facile...
 
 
Pour commencer, t'appelles la secrétaire qui te file un rendez-vous presque en t'engueulant juste parce que c'est une vieille frustrée d'entendre parler de vagin toute la journée.
 
En même temps, je lui ai pas demandé non plus de rater sa vie, pour moi non plus c'est pas une partie de plaisir...
 
Bref.
 
D'habitude, je lui demande tant bien que mal de me filer un rendez vous avant l'an 2047 et là, malgré que nous sommes en décembre, elle me dit d'un ton aussi enjoué qu'une gothique suicidaire : "le 11mars à 11h".
 
Dieu merci, cette année, j'y étais déjà allée en Janvier et j'avais prévenu qu'en décembre, fallait que je change mon stérilet qui, au bout de 5 ans, devait honorablement prendre sa retraite.
 
Du coup, un coup de fil le jeudi, et le vendredi, nous voilà, moi et ma grippe, les 4 fers en l'air et la culotte aux chevilles.
J'ai demandé à mon "interlocuteur principal dans ma vie de femme" de me montrer mon fidèle contraceptif afin de le féliciter pour ses bons et loyaux services durant ces 5 ans partagés. Elle n'a pas rit et a jeté tout ça dans sa poubelle sans ménagements.
 
Avant de passer dans la salle des tortures, c'te garce m'avait dit " c'est supportable, et pour 5 ans de tranquillité ça vaut plutôt le coup. En revanche vos premieres regles dureront 15 jours". Après ces belles paroles j'ai eu du mal à me souvenir du point positif.
 

 
Mais en effet, l'enlevage se passa comme une lettre de menaces à la poste.
 
En revanche, pour remettre mon nouvel allié, j'ai pleuré mon père, ma mère, re mon père et même la Fée Bleue. "C'est supportable" qu'elle disait.
 
Comment un tout petit bout de plastique de 4cm peut faire aussi mal en une seule fois? J'ai d'ailleurs pensé un instant que ma gynéco s'était transformée en Mary Poppins et que mon utérus était devenu son sac sans fond. Je suis même persuadée que les 4 centimètres de mon "vigile de spermatozoïdes" s'est transformé en parapluie volant gigantesque.
 
Sans déconner. Je suis pas plus douillette qu'une autre mais quand-même.
Si passer un truc si petit qu'une pièce du jeu "Docteur Maboul" là dedans est si douloureux, je ne pense même pas à ce qu'est que d'y passer un bébé de 3 kilos.
C'est pas humain.
 
Nous les filles, on pète des paillettes et on nous fait souffrir comme ça dans des circonstances encore plus gores qu'un Bisounours unijambiste mangeur de vieilles dames.
 
La vie est injuste. Et heureusement que ça n'a pas duré plus que ces 20 secondes parce qu'en plus de l'insulter et de bouffer son fauteuil, je lui aurait dit " c'est pas grave laisse tomber, je vais me remettre aux capotes et si Mamour est pas partant, je lui parlerai de la vasectomie, je veux pas mourir les ovaires baillants juste avant de m'empiffrer de Champagne et de foie gras de Noël".
 
Du coup, malgré ma grippe, ma bonne humeur et ma patience, j'ai résisté, j'ai prouvé que j'existais et j'ai pleuré. Mais je l'ai fait.
 
En tous cas, pendant que mon âme quittait mon corps, j'ai une une révélation. Rien d'autre que ce bout de plastique ne passera mon col pourtant si mignon de sitot. Je ne mérite pas tant de souffrances même si une fois, j'ai dit "merde" à une  dame.
 
J'adopterais un chinois. Comme ça il pourra me faire des chaussures et ne me coûtera pas cher en bouffe.
 
Non mais.

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